Bâillonner la bouche du Passé
Qui ne cesse de crier ton nom
Parce que c'est moi la suppliciée
Le bourreau a un autre son
Mon hypermnésie se promène
Sur une route couleur-amère
Titubant sous le poids trop doux
Des souvenirs des temps allègres
Ma chair vise le fond du fossé
D'où je vais noyer les chagrins
Dans une rigole qui pleure sans eau
De vie et de peut-être moins
J'y plonge le destin en apnée
Pour un instant te submerger
Il faut bien que cesse le ventre
Quand l'aorte tambourine encore
Une cacophonie du pourtant
Me voici couchée sous la cendre
Du reste d'empreintes de tes doigts
Et je me dis qu'il y a pire
Que mes guiboles sans pas qui tremblent
Oui je me dis qu'il y a pire
Lorsque surgissent devant moi
Le fantôme de deux enfants
Qui s'aimaient un jour de vingt ans
D'une dispute un peu trop danse
Échouée au braquage d'un volant
S'il y avait eu la voiture
Le voyage et le bruit de tôle
C'est à l'unisson que nos coeurs
Auraient arrêté d'espérer
Avant que ne vienne la sirène
Voilà que se met à penser
Et en indicible inhumaine
Là je me dis qu'il y a pire
Combien de chances y-a-t-il encore
Est-ce que la pluie cessera enfin
D'écrouler les poches des yeux
Qui aboient sous les coups de reins
D'un reste de nos soupirs clairs
Dans une ancre amoureuse hier
Du visage de l'autre nous
Piqué d'oser et de mots flous
Alors je dis qu'il y a pire
Et je me crève d'un coup de rires
Levant le voile de mes oreilles
Aux murmures d'espoir qui réveillent
La cacophonie du pourtant
Il faut nager loin au devant
Parce que vraiment il y a pire
Parce que vraiment il y a pire
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